Critique d’El Refugio atomico, la nouvelle petite bombe de Netflix

Les familles Varela et Falcon dans le poster de la série El Refugio atomico

Après La Casa de Papel, Netflix tente un nouveau coup de maître en plongeant dans les entrailles d’un abri antiatomique pour riches : que vaut El Refugio atómico d’Álex Pina et Esther Martínez Lobato ?

C’est bientôt la fin du monde, mais tout va bien : les Varela et les Falcón ont investi des millions d’euros dans un bunker de luxe et seront à l’abri quand l’holocauste nucléaire aura lieu. Sauf que la présence du jeune Max va raviver une vieille blessure entre les deux familles, confinées à plusieurs centaines de mètres sous terre, dans un abri qui va soudain leur sembler très exigu.

La série décide de ne pas traîner avant de bousculer le spectateur et c’est tant mieux. On retrouve ce même rythme nerveux et les surprises qui avaient fait tout le sel de La Casa de Papel, El Refugio atómico ne laissant pas le temps à son public de se remettre de son émoi, tandis que chaque événement s’enchaîne dès le départ avec fluidité.

La famille Varela dans la série El Refugio Atomico

Ce qui ne l’empêche pas d’avoir ses moments plus posés et doux, penchant presque sur une atmosphère fleur bleue dans certaines circonstances, mais sans jamais se départir de l’impertinence ou de la pétulance des relations qu’Álex Pina et Esther Martínez Lobato savent si bien dépeindre – on le sait maintenant, les créateurs adorent parler d’amour, sous toutes ses formes, et il faut forcément s’attendre à un bon nombre de situations romantiques quand on se lance dans un de leurs titres.

Au point que s’il fallait pinailler, on dirait que ça en deviendrait même un peu envahissant, la romance s’imposant parfois comme le seul vrai outil de la série pour délivrer son message, éclipsant de temps à autre d’autres aspects qu’on aimerait davantage poussés, comme les machinations des différents groupes de personnages qui s’opposent immanquablement les uns aux autres et les jeux de manipulation et de pouvoir, réels ou psychologiques. Surtout alors qu’on se trouve dans un bunker avec bonus ambiance de fin du monde, huis clos ô combien propice à bien plus de tensions que de simples coucheries et autres prises de bec en famille.

El Refugio atómico balance son spectateur dans une bataille féroce entre deux familles

Asia dans la série El Refugio Atomico

Les sentiments sont donc omniprésents dans l’ADN de la série, et certains en seront ravis quand d’autres s’en agaceront. Mais il est vrai que le propos de la série passe plus facilement avec les histoires de cœur de ces protagonistes, déchirés par un drame commun. Car on parle aussi d’héritiers fortunés, de requins de la finance et autres riches capricieux habitués à ce que tout leur tombe dans les mains sans lever le petit doigt… et ces dramas mettent justement en lumière nombre de leurs défauts, tout en déconstruisant la cellule familiale hypocrite, profondément blessée et souvent même abjecte, mais qui se cache en temps normal derrière le faste et les sourires du monde extérieur.

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Qui plus est, il faudrait être de mauvaise foi pour prétendre qu’El Refugio atómico se contente uniquement de parler d’amour et de relations ratées sans aller plus loin. Outre les intentions que chaque personnage apporte avec lui dans le bunker – certaines offrant de très bonnes surprises, mais on ne saurait en dire davantage sans craindre de gâcher la série – il faut saluer les décors et l’ambiance, qui puisent dans une science-fiction vintage assumée rappelant par moment un certain rétrofuturisme, tout en offrant une signature qui restera reconnaissable pour ce nouveau titre. À un niveau où on s’attend déjà à voir des combinaisons bleues et oranges se vendre comme des petits pains pour Halloween…

Minerva et Julia dans la série El Refugio Atomico

Pour le reste, El Refugio atómico s’appuie sur une réalisation très classique et des performances convaincantes sans vraiment être bouleversantes, mais son intrigue, son rythme et sa direction artistique parviennent à gommer les quelques défauts qu’on pourrait reprocher à la production de Netflix. Petit point bonus pour le tacle, évidemment, au mouvement “prepper de luxe”, cette tendance des ultra-riches qui investissent réellement dans des refuges, en cas d’effondrement d’un monde qu’ils auront grandement contribué à fracasser à coups de jets privés, investissements et autres dépenses folles dans des pays déjà fragilisés contraints de jouer leur jeu…

On regrette simplement que seules deux familles soient vraiment montrées alors qu’elles passent leur temps à laver leur linge sale dans les quelques espaces qui leur sont réservés. Car quand bien même la majeure partie de l’histoire ne concerne qu’une poignée de personnages, on en vient parfois à se demander s’ils ne sont pas seuls avec le personnel dans le bunker. Ce qui peut avoir tendance à fragiliser l’immersion alors que les centaines de survivants censés être présents paraissent remisés au placard ou dans une réserve secrète. Pour, certainement, d’autres saisons ?

Asia et Max dans la série El Refugio Atomico

El Refugio atómico plaira très certainement aux fans de la première saison de La Casa de Papel, en ce qu’elle reprend beaucoup de ressorts et procédés à sa grande sœur. Ce qui n’est pas un tort ici, la série parvenant dans le même temps à s’affranchir du précédent carton d’Esther Martínez Lobato et Álex Pina en présentant une identité qui lui est propre et des personnages inédits, qu’on suit volontiers alors qu’ils évoluent dans les espaces confinés qui leur sont réservés.

La note de Dexerto : 4/5

Reste à voir si ce bunker de millionnaires tiendra sur la durée et saura proposer de la nouveauté et autres surprises dans le cas d’un renouvellement, ou si l’air viendra à lui manquer, reproduisant le même schéma qu’avec la Maison de papier dont l’intérêt avait fini par s’écrouler dans les suites.

Les 8 épisodes d’El Refugio atómico sont disponibles sur Netflix depuis le 19 septembre 2025.

Dexerto|Verdict

Critique de El Refugio atomico

Très bon

El Refugio atómico rappelle les débuts glorieux de La Casa de Papel tout en proposant son identité propre, jouant sur l'image du bunker à la sauce rétrofuturiste dans un monde bien contemporain : malgré quelques défauts et une surcharge d'intrigues romantiques par moments - mais qui nous permettent aussi de détester ces riches égocentriques et narcissiques sans la moindre retenue -, la série profite d'un rythme maîtrisé et réussit à gérer le suspense sans trop d'efforts, déroulant ainsi avec fluidité ses 8 épisodes.

Joanna MuttonJoanna Mutton