Test d’Elden Ring Nightreign : un chef-d’oeuvre multijoueur au carrefour des genres

Elden Ring Nightreign est paradoxalement plus vaste et plus petit que tous les titres Souls précédents – limité dans son étendue mais débordant d’ambition. Le titre le plus expérimental de FromSoftware à ce jour affiche fièrement ses inspirations contemporaines sans pour autant renier ses racines. Néanmoins, il ne plaira pas à tout le monde.
Le multijoueur, totalement rédhibitoire pour certains joueurs, n’est pas obligatoire dans Nightreign. Il est possible d’affronter les puissants Seigneurs Nocturnes sans l’aide d’autres joueurs, mais cette option est en réalité trompeuse.
La synergie entre les huit personnages prédéfinis, la densité des ennemis et le rythme effréné du jeu sont clairement pensés pour rendre la survie à peine envisageable à trois – alors en solo, n’en parlons pas.
Après plus de 20 heures passées à explorer ces paysages dévastés et à en découvrir les secrets, je suis heureux que FromSoftware ait opté pour une approche aussi radicale. Nightreign est l’un des jeux coopératifs les plus addictifs auxquels j’ai jamais joué.
Captures d’écran
Elden Ring Nightreign, c’est quoi ?
Affecté par la Fracture tout comme Nécrolimbe dans le Elden Ring original, Limveld est un monde parallèle confronté à des conséquences uniques de cet événement, notamment l’Averse Nocturne.
Pour mettre fin à la malédiction, vous incarnez un Voyageur Nocturne chargé de stopper la progression de l’Averse et sa consommation totale de Limveld. Il faut survivre deux jours en l’évitant, affronter des ennemis pour gagner en puissance tout en récupérant de l’équipement pour augmenter vos chances face aux boss de chaque Expédition, les Seigneurs Nocturnes.
En rapport
Une formule repensée
Gracié après avoir échoué au boss du didacticiel, je suis transporté à la Table Ronde où une prêtresse me livre quelques bribes de contexte.
On m’explique que Limveld est sur le point de sombrer sous l’Averse Nocturne. Si les Voyageurs Nocturnes ne parviennent pas à contenir sa progression et à vaincre les Seigneurs qui l’alimentent, le monde est condamné. Du désespoir typique façon FromSoftware, mais ici, mieux vaut oublier ce que vous attendez d’un jeu Souls.
Dans Nightreign, on ne vous lâche pas simplement dans Limveld avec un objectif vague. Chaque Seigneur Nocturne correspond à une Expédition, lancée depuis la Table Ronde. Structurellement, cela rappelle le tableau de missions de Monster Hunter : on choisit une cible, on étudie ses faiblesses, puis on prépare son équipement.
La première expédition disponible, Tricephalos, est accessible dès le départ. Survivez jusqu’au troisième jour et vous affronterez Gladius, un molosse à trois têtes de la taille d’un immeuble qui adore jouer à la balle… avec une épée.
Mais encore faut-il y parvenir vivant, et Nightreign accorde autant d’importance au trajet qu’à la destination.
J’ai choisi Rôdeur pour ma première expédition, une sorte de build « Qualité » classique des Souls. Les huit classes de Nightreign reprennent les archétypes familiers : Forban est un barbare ultra-musclé maniant des armes plus grandes que lui, Anachorète est une pure lanceuse de sorts, et Exécuteur manie un katana idéal pour un build saignement et altérations.
Chaque personnage dispose de compétences adaptées à son archétype, que l’on peut améliorer via les Reliques – le système de progression permanent de Nightreign. On les obtient en réussissant (ou échouant) une Expédition, ou via un PNJ de la Table Ronde contre de la monnaie du jeu.
Améliorations de stats, réduction de délais de récupération, modifications des capacités : même après 20 heures de jeu, je découvrais encore de nouvelles combinaisons. En peaufinant un build feu pour Rôdeur, j’ai compris que malgré des personnages prédéfinis, Nightreign offre autant de liberté de building que ses prédécesseurs – sans nécessiter de jongler avec une feuille de stats.

Toujours en mouvement
Une fois Gladius vaincu, plusieurs nouveaux Seigneurs Nocturnes et Expéditions sont débloqués. Et si le skill et des alliés talentueux peuvent rendre le travail facile contre certains d’entre eux, les choses se corsent rapidement.
Heureusement, Limveld regorge de butin. Chaque jour, votre groupe dispose d’un temps limité pour fouiller les camps ennemis et vaincre les mini-boss disséminés sur la carte avant que l’Averse Nocturne, inspirée du battle royale, ne vous encercle.
Bien qu’on puisse se répartir les tâches, se séparer est rarement une bonne idée. Limveld est impitoyable – ses dangers sont conçus pour être affrontés en groupe. Le jeu permet le solo et ajuste les ennemis en conséquence, mais se balader seul tient plus de la punition que du plaisir.
Le nombre écrasant d’ennemis rend les escarmouches infernales sans alliés, et même avec une santé réduite, les boss de fin de journée – sans parler des Seigneurs Nocturnes – sont parmi les combats les plus difficiles jamais conçus par FromSoft.

Cependant, la boucle de gameplay roguelite est très addictive en groupe. Je craignais un manque de variété dans la carte, mais Limveld recèle suffisamment de surprises pour éviter la lassitude.
À bas les Seigneurs Nocturnes
À mesure que vous progressez, Limveld se corrompt. Les camps déjà explorés changent d’ennemis, des portions entières de la carte disparaissent pour laisser place à un nouveau terrain de jeu temporaire.
Ces événements sont variés, apparaissent aléatoirement, et offrent des récompenses quasiment indispensables à la victoire.
Un Seigneur Nocturne de fin de jeu, Caligo, nous a semblé impossible à vaincre jusqu’à ce que l’on découvre une région montagneuse enneigée apparue au nord. Traverser ses cimes dangereuses et battre son boss nous a offert une quasi-immunité au Gel, rendant Caligo bien moins redoutable.
La difficulté varie énormément, et tous les Seigneurs Nocturnes ne nécessitent pas autant de préparation. Mais tous ont un point commun : ils sont inoubliables. Ce sont parmi les meilleurs affrontements que FromSoft ait jamais imaginés. Le boss final de Nightreign – que je ne spoilerai pas – surpasse même la grandeur de ceux du DLC Shadow of the Erdtree.
Leur complexité contraste malheureusement avec le retour très attendu de boss de la trilogie Dark Souls. Je ne les ai pas tous vus, mais Dragon Béant et le Démon Mille-pattes paraissent bien datés dans un jeu aussi moderne. Sans nouveaux patterns, ils donnent l’impression de venir d’un autre monde.
Les Seigneurs Nocturnes figurent parmi les meilleurs boss de l’histoire de FromSoftware.
C’est un choix qui frôle parfois le remplissage nostalgique, mais cela reste une critique mineure pour ce spin-off triomphal.
Verdict
Après qu’Elden Ring a placé la barre très haut pour les RPG en monde ouvert, Nightreign s’impose comme un superbe complément au portfolio de FromSoftware. Le jeu n’a pas peur de bouleverser la formule Souls pour la mélanger à d’autres genres.
Et ça fonctionne, bien que tout le monde risque de ne pas apprécier l’aventure. Pour les puristes de la série sans appétence pour le multijoueur, c’est une expérience difficile à recommander. Le mode solo existe, mais vous fera rater l’essence même du jeu.
Joué de la manière dont il a été prévu – en coopération – Nightreign est une expérience irrésistible, bien plus riche que je ne l’avais imaginé.
Test traduit depuis l’anglais.
Texte original par Joe Pring pour Dexerto.com