Les vues de The Last of Us s’effondrent et révèlent le gros problème des séries modernes

Ellie et Joel en patrouille dans l'épisode 6 de la saison 2 de The Last of Us

La saison 3 de The Last of Us a peut-être été validée, mais elle souffre d’un problème qui touche la télévision moderne : tout prend beaucoup trop de temps.

La saison 2 ne comptait que sept épisodes. C’est court, mais dans ce laps de temps, la série réussit à tuer un des personnages principaux, raconter les trois jours d’Ellie à Seattle, explorer ce qui s’est passé entre elle et Joel après les événements de la saison 1, revenir sur le sort d’Eugene et préparer le retournement du récit pour le recentrer sur Abby avant la saison 3, dans une fin choquante et clivante.

Autant dire que la production de HBO a dû couvrir de nombreuses intrigues, surtout pour l’adaptation d’un jeu qui demande entre 20 et 40 heures de jeu (et dans lequel on incarne Abby environ 12 heures après le début de l’histoire). La série couvre tous ces événements en moins de sept heures, tout en simplifiant certains éléments et en en développant d’autres : que le résultat paraisse précipité ou non reste donc subjectif, mais reste que les critiques des fans restent compréhensibles.

Mais au-delà de sa manière d’adapter les jeux, la série pose problème sur un autre point : la première saison comptait neuf épisodes, et il a fallu attendre près de deux ans pour voir une deuxième saison… plus courte. Et après un gros cliffhanger, les spectateurs vont encore devoir attendre pour une longue période, puisque la saison 3 ne sortira (probablement) pas avant 2027. La vraie question est donc : qu’est-il arrivé au monde du petit écran ?

The Last of Us n’est qu’une série de plus qui prend trop son temps

À une époque où le public est habitué au binge-watching, sortir une saison qui se termine sur un cliffhanger avant d’imposer des années d’attente pour la suite pourrait bien ne plus être viable.

Abby dans le théâtre dans le final de la saison 2 de The Last of Us

Le final de la saison 2 a attiré 3,7 millions de téléspectateurs lors de sa diffusion, ce qui représente une baisse de 55 % par rapport aux 8,2 millions de la saison 1, et qui pourrait s’expliquer par un désintérêt des fans les plus impatients (même si HBO affirme de son côté que la moyenne d’audience par épisode reste plus élevée que celle de la première saison.)

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Il est possible que certains spectateurs aient arrêté de regarder après la mort de Joel, mais une autre raison mérite d’être davantage prise en compte : si les spectateurs savent qu’ils vont devoir attendre longtemps pour connaître la suite, pourquoi se presser de regarder le final de la saison en cours ? Pire encore, certains pourraient tout simplement abandonner la série, lassés par une expérience en dents de scie.

Ni HBO ni les showrunners de The Last of Us n’ont confirmé de date de sortie pour la saison 3, mais au vu du calendrier de production de la saison 2, on sait déjà qu’il ne faut pas s’attendre à voir la suite avant fin 2026 au plus tôt – 2027 paraissant bien plus probable.

Plusieurs facteurs sont évidemment à prendre en compte : chaque saison demande un important travail d’effets spéciaux et de planification, en plus de devoir composer avec l’agenda d’un casting de plus en plus célèbre (Pedro Pascal est aussi en tête d’affiche des 4 Fantastiques et Avengers: Doomsday chez Marvel, et de The Mandalorian and Grogu chez Lucasfilm, tous prévus d’ici 2027). Pourtant, dans une interview de The Hollywood Reporter en mars 2025, le showrunner Craig Mazin expliquait avoir mis en place un “processus plus efficace” pour la saison 2 – et il aura tout de même fallu deux ans pour produire les sept épisodes.

Joel et Ellie dans la saison 2 de The Last of Us

The Last of Us n’est clairement pas la seule à souffrir de ce problème. La saison 5 de The Boys ne sortira pas avant 2026, tout comme la saison 3 de House of the Dragon (sans oublier que le retard du spin-off A Knight of the Seven Kingdoms pourrait encore la repousser), et on attend encore d’avoir ne serait-ce qu’un petit indice concernant la fenêtre de sortie de la saison 3 de Severance. Dans le même ordre d’idée, la saison 5 de Stranger Things, qui sera aussi le final de la série phare de Netflix, devrait démarrer sa diffusion neuf ans après la sortie de la première saison.

Il va de soi que l’ampleur de ces productions impose des limites auxquelles il est impossible d’échapper. Ryan Condal, le showrunner de House of the Dragon, a déclaré auprès de Radio Times que créer ces histoires étaient “si complexe que ça revient en fait à réaliser plusieurs longs-métrages par saison.” Mais si la qualité de ces séries est indéniable, une telle attente a malheureusement des répercussions sur le public. Car la majorité des spectateurs n’a que faire des questions techniques et constate surtout qu’il oublie les récits précédents, n’a pas toujours envie de se mettre à jour, ou pire, est parfois passé à autre chose.

A contrario, trois des meilleures séries télé de tous les temps se distinguent pour le nombre plus imposant d’épisodes sur une période plus courte : Breaking Bad, Succession et Les Soprano pourraient bien avoir réussi à conserver l’intérêt du public grâce à leur régularité et leur rapidité.

À titre d’exemple, vous pouvez retrouver ci-dessous leurs dates de début et de fin, ainsi que le nombre de saisons (et d’épisodes) qu’elles comptent : 

De son côté, The Last of Us a commencé sa production en juillet 2021. En près de quatre ans, la série n’a produit que 17 épisodes – une infime fraction de ce que les chaînes et studios sortaient autrefois.

Si prendre davantage son temps permet de présenter des épisodes d’une excellente facture, il convient toutefois de rappeler que les audiences font et défont l’avenir des séries, et que le mécontentement des fans a souvent un impact conséquent sur les décisions des studios concernant les productions.

Joel sur le porche dans la saison 2 de The Last of Us

Pour Vulture, John Wells, producteur d’Urgences et À la Maison-Blanche a expliqué : “Le public s’attache à une série, et quand on en est privé trop longtemps, il est facile de s’en désintéresser et d’oublier ce qui nous avait séduits au départ.

Ne pas proposer [de nouveaux épisodes] pendant une longue période est l’une des raisons pour lesquelles les séries déclinent au lieu de se bâtir une audience — ça s’applique même pour celles qui démarrent en fanfare dès leur première année.

Autant dire que la situation relève du dilemme : il est très peu probable voire impossible que des séries comme The Last of Us ou House of the Dragon réussissent à enchaîner les saisons plus rapidement sans rogner sur la qualité ou le bien-être au travail de leurs équipes. Mais le public, lui, ne semble pas encore prêt à plus de patience.

En attendant la saison 3 de The Last of Us, les spectateurs peuvent toujours se consoler en allant voir du côté de certaines séries très attendues qui sortiront cette année, ou passer le temps en consultant la liste des sorties de ce mois-ci.