Critique de Carême : Une recette bien réalisée mais qui souffre d’une luxure périmée

Antonin et Henriette dans un garde-manger dans la série Carême

Carême se veut gourmande sur tous les fronts, mais la surenchère d’un érotisme daté a souvent raison du reste des arguments de la série, malgré une reproduction impressionnante du Paris du 19e siècle.

Du côté de sa représentation de l’époque de Bonaparte, Carême est splendide, s’appuyant sur des décors aussi minutieux que raffinés, et on doit reconnaître qu’on s’y attendait un peu. Car son réalisateur Martin Bourboulon n’en est clairement pas à son coup d’essai dans le genre historique, ayant déjà signé le diptyque des Trois Mousquetaires ou le film Eiffel. Tout est soigneusement réfléchi, et la caméra sait chaque fois accompagner un personnage qui s’enfonce dans les rues encombrées et humides d’un Paris du 19e siècle, ou encore traquer avec une fluidité confondante un convoi lancé au grand galop au fin fond des bois.

Mais l’objectif premier de la série est de séduire les amateurs de nourriture, et la série démarre fort avec son générique entraînant, qui cumule les plans léchés (littéralement) de cuisine, annonçant ainsi la couleur : Carême va parler des coulisses de l’Histoire avec un grand H, en se concentrant à fond sur le monde de la Gastronomie. C’est beau, c’est bien fait… mais ça ne fait pas tout.

Talleyrand à son bureau dans la série Carême

Parce que le soufflé retombe rapidement à mesure que les épisodes s’enchaînent, des détails venant gâcher le plaisir de la dégustation, un peu comme on retrouverait un cheveu dans une pâtisserie qui sentait pourtant bon l’aventure et les exploits culinaires. À commencer par le personnage principal, passant du père de la gastronomie moderne à cet enfant espiègle qui ne fait rire personne à part lui-même et boude volontiers à la première contrariété, faisant chaque fois s’arrêter artificiellement l’intrigue le temps qu’il se reprenne.

Surtout, il y cette dissonance perturbante au sein des dialogues, ces derniers alternant un langage châtié adapté à l’époque avec des répliques qui semblent soudain sortir tout droit d’une série plus contemporaine. Une recette qui a déjà fait ses preuves – on pense forcément au Marie-Antoinette de Sofia Coppola – et pourrait tout à fait marcher encore une fois, pour peu qu’elle soit pleinement assumée. Mais ici, la mayonnaise ne prend pas, sûrement parce qu’on se demande presque systématiquement si ce décalage de ton est voulu, ou s’il s’agit plutôt d’une maladresse.

À cela s’ajoute un autre point qui n’échappera à personne, et nous fait nous poser la question régulièrement : est-il bien nécessaire de cumuler jusqu’à l’écœurement autant de scènes érotiques ? Alors qu’une énième rencontre dérape en moment coquin dans lequel Antonin triomphe en grand séducteur, on ne peut que se demander si les scénaristes de Carême n’auraient pas compris de travers l’expression food porn, certains passages n’étant utiles ni pour l’intrigue, ni pour le développement des personnages, ni même pour une quelconque présentation de personnalités emblématiques. Au point même qu’on en vient plusieurs fois à se demander si la fonction principale des figures féminines de la série ne serait pas avant tout d’être présentées comme de simples objets de désir.

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La note de Dexerto : 2,5/5

Henriette sert un cocktail dans la série Carême

Carême peut tout de même se reposer sur une reproduction époustouflante d’un Paris sous Napoléon Bonaparte, ou encore sur la performance solide de certains membres du casting comme Jérémie Renier en Talleyrand ou Lyna Khoudri en Henriette. Dommage qu’on reste sur notre faim, alors que cette obsession démodée pour la vulgarité au détriment de la gourmandise gâche parfois (souvent) le plaisir en prenant trop le pas sur l’intrigue qui était pourtant prometteuse.

Carême a commencé sa diffusion le 30 avril 2025 sur Apple TV+. Et pour plus d’histoires, vous pouvez jeter un coup d’œil à la liste des films et séries qui sortent ce mois-ci en streaming, toutes plateformes confondues.

Dexerto|Critique

Critique de Carême

Critique de Carême : Une recette bien réalisée mais qui souffre d'une luxure périmée

Carême peut tout de même se reposer sur une reproduction époustouflante d'un Paris sous Napoléon Bonaparte, ou encore sur la performance solide de certains membres du casting comme Jérémie Renier en Talleyrand ou Lyna Khoudri en Henriette. Dommage qu'on reste sur notre faim, alors que cette obsession démodée pour la vulgarité au détriment de la gourmandise gâche parfois (souvent) le plaisir en prenant trop le pas sur l'intrigue qui était pourtant prometteuse.

Joanna MuttonJoanna Mutton