Critique d’Alien: Earth – De la S-F intelligente et effrayante qui va au-delà de la nostalgie

Alien: Earth est la meilleure chose qui soit arrivée à la franchise depuis Isolation : la série est effrayante, intelligente et vraiment unique. Pour un fan de toujours, elle est le genre d’œuvre dont on rêvait (ou cauchemardait, en l’occurrence).
Cet article est une traduction de la critique par Cameron Frew pour Dexerto.com.
Les heures sombres d’Alien et Predator sont derrière nous. Finie la bouillie qu’on nous servait avec Alien vs Predator: Requiem, Colonial Marines ou The Predator (même si au passage, le Predators de 2010 mériterait d’être réhabilité). Et pour la première fois depuis des décennies, je peux l’affirmer sereinement : peu importe qui l’emporte, puisque cette fois, c’est nous qui sommes gagnants.
Prey était le seul film à vraiment tenir la comparaison avec l’original, Predator: Killer of Killers était incroyable, Predator: Badlands semble poser les bases d’un crossover enfin digne d’intérêt, et Alien: Romulus était… correct (indéniablement spectaculaire et bien mis en scène, mais manquant d’âme).
Grâce à Noah Hawley (l’homme derrière Legion et Fargo), Alien: Earth égalise les chances. Le résultat est à la hauteur d’une série de prestige, au sens noble du terme : techniquement brillante, cinématographique, qui n’aurait pas dépareillé sur grand écran mais qui, à l’inverse, assume pleinement son format sériel sans jamais donner l’impression d’être un film étiré ou découpé artificiellement.
(Cette critique porte sur les épisodes 1 à 6.)
De quoi parle Alien: Earth ?
Deux ans avant que le chaos ne s’abatte sur Ellen Ripley et l’équipage du Nostromo, un vaisseau de recherche de la Weyland-Yutani (le USCSS Maginot) s’écrase sur Prodigy City, une métropole dirigée par l’entreprise éponyme, en apparence évolutionniste, mais en réalité animée par une cupidité sans limites.
Yutani (Sandra Yi Sencindiver) veut récupérer le vaisseau – et son contenu. Boy Kavalier (Samuel Blenkin), PDG de Prodigy se déplaçant constamment pieds nus, ne compte pas la laisser faire. À la place, il envoie Kirsh (Timothy Olyphant), son bras droit synthétique, accompagné d’une équipe de prototypes hybrides et de soldats pour découvrir ce qui se cache à l’intérieur – soit rien de bien sympa. Avec un Xénomorphe parmi… d’autres “spécimens” aussi répugnants que dangereux, ce qui devait être une exfiltration périlleuse devient une lutte pour la survie.
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Voilà pour le pitch de base, mais Alien: Earth va bien au-delà. La série développe un univers plus vaste, en mettant en avant des thématiques comme la “course à l’intelligence” sur la planète, la question de la suprématie entre les différentes technologies synthétiques, ou l’introduction de nouvelles formes de vie (qui offrent un rendu horriblement convaincant – voyez-y un compliment).
Alien: Earth est plus grand (et meilleur) que ce à quoi vous vous attendez

Là où Romulus ressemblait à une simple vitrine technique réalisée par un fan, Alien: Earth fait preuve d’une vraie réflexion à chaque scène, en étant imprévisible et parfois même difficile à suivre – et c’est une qualité. Prometheus avait de grandes ambitions (c’est toujours un quasi-chef-d’œuvre), Alien: Covenant était d’une noirceur inégalée mais marquait un recul évident. Ici, même lorsqu’elle emprunte au cahier des charges de la saga, l’action ne se passe pas du fond.
Ça ne veut pas dire que la série manque d’originalité. Les moments avec les Xénomorphes sont mis en scène avec une brutalité et une tension remarquables (les effets spéciaux pratiques l’emportent toujours), et le montage est unique, provoquant toutes sortes d’émotions – entre fondus enchaînés parfois magnifiques, parfois menaçants, et des éclairs d’horreur savamment distillés.
Mis à part quelques rares moments légèrement bancals, la série est visuellement époustouflante du début à la fin. Un immense bravo aux chefs décorateurs, aux directeurs de la photographie (les amateurs de lentilles à double foyer seront ravis) et à Noah Hawley, qui parviennent à rendre le petit écran aussi immersif que riche en détails.

Un autre petit choix très efficace : au lieu d’un récapitulatif classique, chaque nouvel épisode démarre en présentant une sorte de bande-annonce, alors que les lettres emblématiques apparaissent en fondu sur les événements de l’épisode précédent.
La musique, composée par Jeff Russo, n’atteint pas les sommets de celle de Jerry Goldsmith ou même du morceau Life de Harry Gregson-Williams pour Prometheus. Pourtant, son thème principal est d’une simplicité remarquable et fonctionne à merveille, évoquant presque les trompettes tonitruantes et envoûtantes de The Brutalist.
Sydney Chandler est excellente dans Alien: Earth (comme tout le reste du casting)

Wendy (Sydney Chandler), la première hybride de Prodigy, est l’une des héroïnes les plus fascinantes depuis le clone de Ripley dans Alien, la résurrection. Le rôle est exigeant pour l’actrice, mais le personnage est superbement écrit et incarné, doté d’une curiosité enfantine, d’un regard lucide, mais aussi de réactions impulsives. Un protagoniste formidable pour bâtir la série autour.
Timothy Olyphant, inspiré de Roy Batty de Blade Runner mais sans l’aspect sociopathe, est lui aussi excellent. Il livre ses répliques avec une cadence totalement inédite (c’est presque ironique quand on pense que son interprétation dans Hitman était bien plus mécanique).
D’autres acteurs et personnages mériteraient d’être mentionnés, mais pour préserver les surprises de la série, voilà une évaluation plus brève : Alex Lawther est tout à fait correct (son rôle manque un peu de relief, sans que ce soit de sa faute), Samuel Blenkin
est presque trop convaincant dans la peau d’un “génie précoce” aussi arrogant qu’exaspérant, tandis que Babou Ceesay est formidable dans le rôle de Morrow, un cyborg qui se retrouve en froid avec l’équipe de Prodigy.
Évidemment, il faut aborder la question inévitable : aussi ambitieuse soit la série sur le plan intellectuel, ce que les gens veulent vraiment, c’est voir un Xénomorphe anéantir des humains et des Face huggers refermer leurs doigts osseux autour de la tête d’un pauvre bougre. L’alien est la vraie vedette, et je me contenterai de vous dire que vous ne serez pas déçu, même si la série pourrait bien pousser ses obsessions plus loin que ce à quoi vous vous attendez.
Note d’Alien: Earth – 5/5
Alien: Earth est ce terrain d’entente gluant et terrifiant capable de réconcilier les puristes et les fans de Prometheus. La série propose des idées fascinantes, qui interrogent le spectateur sur l’humanité, tout en étant portées par le plus grand monstre du cinéma. Pourvu que la série puisse perdurer.
En 2025, vous découvrirez que dans Alien: Earth, tout le monde peut vous entendre crier.
Les deux premiers épisodes d’Alien: Earth sortiront le 13 août sur Disney+ en France.
Critique traduite depuis l’anglais.
Texte original par Cameron Frew pour Dexerto.com
Critique de Alien: Earth
Excellent
Alien: Earth est la meilleure chose qui soit arrivée à la franchise depuis Isolation : la série est effrayante, intelligente et vraiment unique. Pour un fan de toujours, elle est le genre d’œuvre dont on rêvait (ou cauchemardait, en l'occurrence).