Explication de la fin de 28 ans plus tard : comment le film prépare la suite

Le docteur Kelson, Isla et Spike traversent une rivière dans 28 ans plus tard

28 ans plus tard suit le parcours initiatique du jeune Spike dans un monde dévasté par les infectés, mais peut interroger son public sur certains points : on vous explique tout sur le nouveau film de Danny Boyle.

28 jours plus tard avait marqué le public à l’époque pour sa revisite du mythe du zombie dans un film punk aussi brutal qu’efficace. On découvrait alors l’histoire de Jim, incarné par Cillian Murphy dans une œuvre à petit budget mais aux ambitions monstrueuses, révélant un Royaume-Uni dévasté par l’épidémie du virus de la fureur qui poussait les malades à dévorer leurs semblables. Si une suite a tenté une percée avec un autre réalisateur aux commandes dans 28 semaines plus tard (à savoir Juan Carlos Fresnadillo), il aura fallu attendre une vingtaine d’années avant de retrouver un nouveau film signé par Danny Boyle et Alex Garland, avec 28 ans plus tard.

Et dès le départ, les choses sont claires : l’Europe continentale a réussi à éradiquer le virus, mais il n’en va pas de même pour le Royaume-Uni, dont les frontières ont été bouclées, les habitants se retrouvant livrés à eux-mêmes. Dès le début, on peut alors se poser certaines questions : pourquoi le Royaume-Uni est le seul pays à ne pas avoir su faire face au virus de la fureur ? De quoi souffre la mère de Spike ? Comment le virus a-t-il évolué en trois décennies ? Histoire de vous y retrouver, on vous explique la fin de 28 ans plus tard.

Attention : la suite de cet article contient des spoilers de 28 ans plus tard.

Comment se finit 28 ans plus tard ?

À la fin de 28 ans plus tard, Spike décide de repartir seul sur le continent après avoir confié le bébé à son père sur leur île.

Jamie et son fils Spike dans 28 ans plus tard

Son voyage auprès de sa mère lui a permis de comprendre que le monde était plus vaste et que les habitants de l’île mentaient régulièrement pour protéger leurs habitants, les contraignant à un modèle dépassé dans lequel les hommes partent sur le champ de bataille et les femmes restent dans une sécurité toute relative.

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Ayant besoin d’être seul et de marcher jusqu’à ne plus voir la mer, il décide donc de confier aux insulaires le bébé qu’il a appelé Isla en honneur à sa mère, puis repart en solitaire dans les terres avec pour objectif le fait de découvrir le monde sans passer par le filtre d’un autre. S’il se débrouille plutôt bien, le garçon va toutefois finir par être pourchassé par une horde d’infectés, et trouvera de l’aide du côté d’un certain Jimmy et son équipe. La fin du film suggère que l’adolescent va continuer son aventure au côté des nouveaux-venus.

Pourquoi le Royaume-Uni n’a pas réussi à vaincre le virus ?

Le Royaume-Uni n’a pas réussi à lutter face au virus dans 28 ans plus tard car c’est en Angleterre que la fureur a été libérée, mais le fait de boucler les frontières du pays est surtout une manière pour le réalisateur de faire la métaphore du Brexit.

Le blocus du Royaume-Uni dans 28 ans plus tard

Le Royaume-Uni est l’épicentre du virus de la fureur, libéré depuis un laboratoire de Cambridge en Angleterre dans le film 28 jours plus tard : une équipe de défenseurs des droits des animaux s’infiltre en effet dans les locaux pour libérer des chimpanzés utilisés dans des expériences incitant à la violence. Malgré les avertissements d’un scientifique présent sur les lieux, le trio libère un des primates, qui mord ses protecteurs et en fait les patients zéro du virus.

Mais si le pays n’a pas réussi à combattre l’infection en 28 années, c’est aussi pour servir le propos de Danny Boyle à propos du Brexit. Comme il l’explique dans une interview de Télérama, le réalisateur a longuement hésité avant de créer une suite à 28 jours plus tard. “Puis sont arrivés le Brexit et la pandémie de Covid : face à de telles circonstances, on avait un point de départ pour un second récit qui raconterait quelque chose d’entièrement nouveau” se souvient ainsi le cinéaste.

Danny Boyle continue en évoquant les personnages de l’île, qui retournent volontairement en arrière, à un système rappelant une “vieille Angleterre“, allant jusqu’à “revisiter l’archer anglais qui se bat contre les Français à Azincourt” : ils se racontent, à tort, que les années 1950, c’était super. Beaucoup, nos brexiters par exemple, en sont persuadés.”

Quel est le poème qui accompagne Spike et son père lors de leur sortie ?

Le poème Boots de Rudyard Kipling est conçu pour rappeler la cadence des soldats qui ont subi une marche forcée à travers l’Afrique du Sud durant la Seconde guerre des Boers.

Publiée pour la première fois en 1903, l’œuvre suit les pensées d’un soldat contraint d’avancer dans un territoire hostile, et qui ignore s’il s’en tirera vivant : son esprit se cale alors sur le rythme de ses pas, et le lecteur est censé retrouver une telle cadence en lisant les premiers mots de chaque vers à raison de deux mots par seconde. Quant à l’enregistrement présent dans le film 28 ans plus tard et qu’on entendait déjà dans la première bande-annonce, il provient de la performance de Taylor Holmes en 1915.

En plus de servir à dépeindre la marche monocorde d’un soldat dont la vie ne tient qu’à un fil, le poème de Rudyard Kipling aurait également servi pour des séances d’entraînement à la torture de camps SERE (pour Survival, Evasion, Resistance and Escape) de l’armée américaine. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Ward Carroll, diplômé du programme SERE et vétéran de la marine, auprès de Business Insider, en expliquant avoir un jour été contraint d’écouter en boucle le poème tout en étant enfermé dans une cellule.

Son utilisation dans 28 ans plus tard ne sert pas qu’à provoquer du malaise ou de la peur du continent rempli d’infectés, alors que Spike se retrouve un peu malgré lui contraint de suivre son père hors de leur île. Elle permet surtout de créer du contraste entre les deux piliers du film : d’un côté Isla et sa mélancolie, et de l’autre le guerrier Jamie, qui idéalise la guerre et les mises à mort et se projette sur son fils en ressentant le besoin de prouver que l’adolescent est un dur à cuire comme lui.

Comment le bébé a-t-il échappé au virus de la fureur ?

Le bébé Isla aurait échappé au virus de la fureur grâce au placenta de sa mère dans 28 ans plus tard.

Spike et sa mère Isla dans l'ossuaire du docteur Kelson

C’est en tout cas la théorie du docteur Kelson lorsqu’il apprend que le nouveau-né vient d’une infectée, mais s’avère sain. Pour lui, le bébé a échappé au virus grâce aux protections du corps de sa propre mère. Une telle hypothèse n’est pas totalement inconcevable, si on en croit certaines études sur le blocage dans la transmission de virus par le placenta – pour ceux qui n’ont pas peur de s’aventurer dans des travaux scientifiques, on peut noter ceux d’Hana Totary-Jain et son équipe pour l’université de Floride du Sud, dont les résultats sont disponibles dans la revue Cell Host & Microbe, et que Le Monde résume dans un article de 2023.

Si le docteur Kelson affirme avoir envisagé une telle éventualité dans 28 ans plus tard, le personnage ne s’attarde pas pour autant davantage sur le cas du bébé et se contente de parler d’une “hypothèse” : il faut donc accepter, pour le moment en tout cas, l’idée que le placenta puisse être la raison de sa protection dans le film sans en être certain.

De quoi souffre la mère de Spike et que devient-elle dans 28 ans plus tard

Isla souffre d’un cancer dans 28 ans plus tard : lorsqu’elle rencontre Kelson, sa maladie s’est métastasée et la mère de Spike est mourante.

Kelson donne un crâne à Spike dans 28 ans plus tard

Après une longue auscultation et malgré l’absence de matériel médical, le docteur en arrive à la conclusion que le cancer d’Isla est dans sa phase terminale. On ignore s’il vient du cerveau et s’est propagé au reste du corps, ou s’il vient du corps et s’est propagé jusqu’à atteindre le cerveau, mais le résultat reste le même : la mère de Spike mourra bientôt, et souffre énormément.

Elle choisit donc d’abréger ses souffrances et compte pour cela sur Kelson, qui possède suffisamment de produits pour l’endormir sereinement et lui offrir une mort paisible. Le docteur l’ajoute ensuite à sa collection de crânes dans son ossuaire pour lui faire honneur.

Pourquoi le docteur Kelson construit un ossuaire ?

Le docteur Kelson construit un ossuaire pour honorer la mémoire des défunts tout en rappelant aux vivants qu’ils les rejoindront, qu’ils soient infectés ou non.

Le docteur Kelson dans 28 ans plus tard

Le personnage utilise souvent la locution latine memento mori, qu’il traduit par “souviens-toi que tu dois mourir“, mais qui peut aussi se présenter comme “souviens-toi que tu es en train de mourir, mori étant au présent. L’expression a été grandement utilisée à l’époque médiévale par le christianisme qui en a fait une éthique de l’ascèse pour rappeler aux fidèles de ne pas s’attacher plus que nécessaire à la vie. Mais la locution remonterait surtout à l’antiquité gréco-romaine, époque durant laquelle on l’attribue aux esclaves vaincus face à un général victorieux : malgré la victoire, le champion n’en est pas moins mortel et la fin reste la même pour tout le monde.

En créant son ossuaire, ou son memento mori, le docteur Kelson peut ainsi honorer la mémoire des défunts en leur offrant une sépulture à sa manière, mais aussi rappeler que survivants qu’ils finiront de la même manière que les infectés. Car une fois bouillis et dépouillés de la chair, des cheveux ou même des yeux, les crânes sont tous identiques dans le temple des os de 28 ans plus tard.

Explication des rampe-lents dans 28 ans plus tard

Les rampe-lents sont une variante du virus de la fureur après sa mutation, et se retrouvent avec une silhouette plus forte en raison de la congestion des tissus de leur corps.

Le site rageleaks de 28 ans plus tard qui charge après avoir entré le mot de passe

On trouve en effet une explication à l’apparence des rampe-lents non pas dans 28 ans plus tard, mais sur le faux site de dark web RageLeaks.net, utilisé dans la promotion du film : après avoir entré le mot de passe mementomori, l’internaute a accès à différents fichiers, dont un intitulé “Variant“.

On y découvre un échange d’e-mails entre différents survivants, l’un d’eux évoquant des infectés souffrant de “congestion des tissus” (soit, pour résumer, une augmentation du volume du sang dans les vaisseaux d’un tissu), qui se meuvent principalement à quatre pattes mais peuvent se redresser en cas de situation de stress, et qui sont particulièrement lents.

Pourquoi certains infectés deviennent des alphas ?

Sur certains infectés, le virus de la fureur aurait un effet sur son taux de stéroïdes et provoquerait ainsi une mutation aboutissant aux fameux alphas.

Spike et Jamie fuient une meute d'infectés dans 28 ans plus tard

Plus grands, plus musclés et surtout plus malins, les alphas rappellent davantage des humains que des infectés, si on oublie leur apparence aussi repoussante que celle de leurs confrères. Ils semblent capables de guider un groupe, comme un mâle dominant dans un troupeau d’animaux, et réfléchissent davantage lorsqu’il faut chasser : Samson décide par exemple de descendre du train pour mieux frapper à revers Spike et Isla alors qu’ils s’enfuient.

Les alphas et les rampe-lents ne sont cependant pas le seul signe de l’évolution du virus : on découvre en effet que les infectés peuvent également se reproduire dans 28 ans plus tard. La question d’un bébé sain pose aussi question pour la suite : les nourrissons sont-ils ensuite infectés en partageant le sang de leur mère, ou sont-ils immunisés ? La rencontre entre Jamie et Spike et un jeune rampe-lent qui préfère s’enfuir plutôt que les attaquer suggère qu’il pourrait y avoir plus d’enfants d’infectés qu’on pourrait le croire.

Les infectés sont-ils vraiment dénués de sentiments et d’âme ?

Jamie affirme à son fils que les infectés ne sont plus humains et sont dénués de sentiments, mais certaines scènes suggèrent l’inverse lors du voyage avec Isla.

Jamie montre un infecté à son fils Spike dans 28 ans plus tard

Alors que Spike emmène sa mère sur le continent, ils tombent sur une femme infectée en train d’accoucher. Si la première approche est compliquée, Isla parvient cependant à établir un contact avec la femme, qui accepte de joindre ses mains aux siennes pour mieux pousser et ainsi accoucher du bébé.

Malheureusement, une fois l’accouchement terminé, la femme retrouve son agressivité et se fait aussitôt abattre par Erik, qui est à son tour tué par l’alpha Samson. Ce dernier semble d’ailleurs traquer sans relâche Spike et Isla en découvrant que la femme enceinte a accouché et que le nourrisson se trouve parmi les survivants. S’il peut ne s’agir que d’une coïncidence, il reste possible que l’alpha veuille récupérer le bébé, qu’il considère comme appartenant à sa meute.

L’île de 28 ans plus tard existe-t-elle vraiment ?

Le tournage de 28 ans plus tard a bien eu lieu sur une île, au nord de l’Angleterre : il s’agit de l’île de Lindisfarne, dans le Northumberland, un comté à la frontière entre l’Angleterre et l’Écosse.

Spike et Jamie essaient de rentrer dans leur île dans 28 ans plus tard

Également appelée Holy Island – soit Île Sainte –, Lindisfarne possède un relief varié ainsi que les ruines d’un château et un monastère. Et comme dans le film 28 ans plus tard, elle n’est accessible à pied que par marée basse, via une chaussée de 5 kilomètres qui finit bel et bien dans l’eau lorsque la marée est haute.

Qui est l’homme qui accueille Spike dans son groupe à la fin de 28 ans plus tard ?

L’homme blond à la fin de 28 ans plus tard est Jimmy, le garçon ayant survécu dans l’introduction du film.

Jimmy jeune dans 28 ans plus tard

Après avoir assisté à la mort de sa mère et d’autres personnes dans la maison en Écosse, l’enfant a fui jusqu’à une chapelle pour y retrouver son père, qui est également homme d’Église. Malheureusement, ce dernier préfère voir en la pandémie un signe du jugement dernier et se laisse volontairement dévorer par les infectés sous le regard de son fils.

Une fois les infectés partis, l’enfant s’enfuit, en gardant avec lui le chapelet que son père lui a confié. Un chapelet qu’on retrouve à son cou 28 ans plus tard, alors qu’il se présente à Spike comme étant “Jimmy” – un nom que les spectateurs attentifs auront d’ailleurs remarqué dans des tags sur certains bâtiments.

Il est assez facile de s’y perdre dans les noms de la saga, Danny Boyle et Alex Garland ayant visiblement choisi des noms très semblables pour leurs figures les plus importantes : dans 28 jours plus tard, Cillian Murphy incarne un certain Jim, tandis que dans 28 ans plus tard, Aaron Taylor-Johnson campe Jamie, le père de Spike, ce dernier finissant par tomber sur Jimmy, le garçon de l’introduction devenu grand – et manifestement un adepte de parkour.

28 ans plus tard est au cinéma depuis le 18 juin 2025, mais n’est que le premier opus d’une nouvelle série de films. Et en attendant la suite, il reste la liste des longs-métrages les plus attendus de cette année, ou encore ceux qui sortent en streaming ce mois-ci, toutes plateformes confondues.